vendredi 4 mars 2011

Kadima peut-il prétendre au pouvoir ? de Roxane Tran Van

Un diplomate israélien démissionne, la communauté internationale fait pression sur le gouvernement de M. Netanyahou pour qu'il reprenne les pourparlers, le Likoud est en perte de vitesse dans les sondages tandis que le Kadima gagne en populatité : voilà en réusmé la situation présente en Israël. Se réjouissant de l'impopularité croissante du Premier ministre et de son parti, le parti d'opposition, le Kadima, entend profiter de ce nouvel élan. A-t-il cependant les moyens de prétendre au pouvoir aujourd'hui?


Les derniers évènements ont montré que la communauté internationale était de moins en moins favorable à la politique actuelle menée par Israël. Le récent veto américain au Conseil de Sécurité des Nations-Unies a en effet été révélateur de la perception qu'ont les pays étrangers d'Israël, la plupart d'entre eux condamnant les constructions juives en Judée-Samarie. Bien que M. Netanyahou ait engagé le processus de démantèlement de certaines implantations, les dirigeants occidentaux – et naturellement des pays arabes – prennent partie pour les Palestiniens. Animé d'une volonté "humanitaire" nombre de pays entreprennent aujourd'hui la mise en place de flottille à destination de la Bande de Gaza. Depuis la prise du pouvoir du Hamas dans la région côtière en 2007, le blocus d'Israël, maintenu pour des raisons sécuritaires indéniables, n'a cessé de susciter les critiques des pays étrangers. Bataillant aux côtés de Mahmoud Abbas pour la création d'un Etat palestinien les pays occidentaux se montrent de plus en plus hostiles à Benyamin Netanyahou.

Les critiques à l'encontre du Premier ministre israélien ne résonnent pas seulement dans l'arène internationale mais également à l'intérieur du pays. La récente hausse du prix de l'essence, celle prévue des produits alimentaires de base et les grèves menées par les employés gouvernementaux sont révélateurs du mécontentement croissant. Nombre de ses électeurs ont été déçus par la politique qu'il a mené, lui reprochant son manque de fermeté face aux autres Etats. La décision du démantèlement de certaines implantations a ravivé la colère de certains électeurs, le Premier ministre ayant toujours pris position pour la continuité des constructions en Judée-Samarie. Étant le chef du gouvernement, et par conséquent le responsable de l'Etat, certains lui reprochent également les échecs de la politique étrangère.

Si Benyamin Netanyahou est vivement critiqué, il n'est pourtant pas le seul. Le ministre des Affaires étrangères, issu du parti Israel Beitenu, soulève également les foudres des pays étrangers. Des diplomates du ministère désapprouvent également les positions de M. Lieberman, confèrent les critiques de M. Baruch, selon lequel la politique étrangère d'Israël est tout simplement "mauvaise". Il faut cependant nuancer ses positions, prenant en compte le récent sondage montrant que le parti du ministre des Affaires étrangères se maintient et ne suscite pas tant de mécontentement que cela. Ainsi pour de nombreux sympathisants d'Israel Beitenu, M. Lieberman a l'avantage d'être l'homme "qui dit tout haut ce que les autres pensent tout bas".
L'autre grand parti, le Kadima – parti d'opposition – emmené par l'ancienne ministre des Affaires étrangères Tsipi Livni, surfe sur cette vague de mécontentement et entend bien profiter de ce nouvel élan. Donné favori selon le dernier sondage, Tsipi Livni en profite pour faire valoir les mérites de son parti. Le parti Kadima se défini comme un parti de centre et prône la création d'un Etat palestinien démilitarisé. Il prévoit également la préservation de la majorité juive en Israël et du foyer national juif. Selon cette logique, le parti est favorable aux retraits de certaines terres afin de pouvoir rester un Etat juif et démocratique et ne pas avoir à se retrouver en infériorité numérique par rapport à la population musulmane. Hormis le dernier point, le parti du Kadima prône des valeurs et des actions conformes à la volonté d'une partie des Israéliens, comme le montre son statut de parti d'opposition.

Il ne fait aucun doute cependant que l'actualité et la diminution des avis favorables au Premier ministre jouent un rôle important dans la confiance accordée par la population au parti de Mme Livni. Ne faisant pas partie de la coalition dirigée par Benyamin Netanyahou, le parti représente l'avantage de ne pas être mis en cause dans l'impasse dans laquelle se trouvent actuellement les pourparlers avec les Palestiniens. Cependant s'il ne lui ait pas reproché la situation actuelle, Mme Livni et son parti ne sont pas exempts de certaines condamnations. Récemment encore, un de ses proches collaborateurs appartenant au Kadima, Moshe Schori, est en résidence surveillée dans le cadre d'une enquête portant sur la corruption. Tsipi Livni a immédiatement pris ses distances avec l'accusé afin que son image et celle de son parti n'en soient pas affectés.
Si à première vue les résultats du sondage et le crédit accordé au Premier ministre semble favoriser le Kadima, reste à savoir si ce parti réussira à s'imposer. Nombre d'observateurs constatent d'ailleurs que malgré les résultats positifs pour l'opposition, les Israéliens votent de plus en plus à droite.

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