lundi 7 décembre 2009

Interview de Tzipi Livni dans Le Parisien.fr

Présidente du parti centriste Kadima fondé par Ariel Sharon, Tzipi Livni, 51 ans, chef de file de l’opposition israélienne, a rencontré Nicolas Sarkozy à l’Elysée la semaine dernière.

L’Iran semble de plus en plus près d’avoir l’arme nucléaire. Que faire ?

Sur ce dossier, les prises de position du président Sarkozy sont cruciales. Le président français a parfaitement compris la nature de la menace iranienne. S’il est vrai qu’Ahmadinejad répète qu’il veut rayer Israël de la carte, le danger va bien au-delà. La plupart des pays arabes de la région sont en danger, le monde entier est en danger. Il ne s’agit pas de savoir ce qu’il faudra faire le jour où l’Iran aura l’arme nucléaire, car ce serait le point de non-retour absolu. Il faut l’empêcher de l’avoir. Et il faut agir tout de suite. Téhéran a essayé de cacher ses installations proches de Qom et ne veut pas coopérer avec l’AIEA. L’Iran aura la bombe si le reste du monde ne se mobilise pas pour l’arrêter. Il doit comprendre qu’on ne le laissera pas faire. La communauté internationale doit cesser de recourir à des compromis. Elle doit prendre des sanctions beaucoup plus efficaces. Et je vois que c’est ce que préconise la France.

Comment réagissez-vous à l’initiative de l’Union européenne qui veut déclarer Jérusalem-Est comme capitale d’un futur Etat palestinien ?

Cette initiative ne va pas aider à relancer les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens. C’est une erreur. S’il est de l’intérêt des deux parties en cause à reprendre le dialogue, c’est à elles deux de prendre les décisions, pas à l’Union européenne. Cela n’aide personne. Et c’est tout simplement hors de question. Le statut de Jérusalem fait partie des négociations de paix.

Est-il possible de renouer le dialogue entre Israéliens et Palestiniens ?

Nous pouvons parfaitement reprendre les négociations au point où elles se sont arrêtées il y a un an. Elles n’ont pas échoué, pas capoté. Elles ont été interrompues, essentiellement à la suite des élections israéliennes. Nous devons nous remettre autour d’une table.

Quels pays, ou quelles puissances, peuvent aider à la reprise des contacts ?

L’attitude de Washington est capitale. La communauté internationale est entraînée par les Etats-Unis. Mais l’Union européenne peut aussi avoir de l’influence. Et Nicolas Sarkozy a une position de leadership. Mais le poids des Etats-Unis est crucial. Les Israéliens pensent que les Américains les connaissent mieux et sont mieux à même de les entendre et les comprendre.

Mais Barack Obama semble moins favorable à Israël que son prédécesseur…

Entre les Etats-Unis et Israël, ce n’est pas une question de personne. Sur le fond, peut importe qui est à la Maison-Blanche. Les Etats-Unis prennent à coeur l’intérêt d’Israël. Aujourd’hui, cet intérêt passe par l’existence de deux Etats, l’un israélien, l’autre palestinien. Une large majorité de la population israélienne est d’accord sur le principe de « deux Etats pour deux peuples ».

Avec quel interlocuteur du côté palestinien ?

Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. Il est là. Il est notre partenaire légitime dans les négociations de paix. Nous avons besoin de lui, et de ce qu’il représente, pour mettre fin à un conflit entre deux peuples. La bonne stratégie est de travailler avec Mahmoud Abbas et les siens même si, en ce moment, ils sont en position de faiblesse. Nos positions divergent, mais on devrait tout de même trouver un dénominateur commun pour mettre fin au conflit.

Mais Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, veut-il, lui, d’un Etat palestinien ?

C’est faute d’accord entre nous sur ce point et d’autres que j’ai refusé de participer au gouvernement et que je suis le chef de l’opposition. Quand je suis à l’étranger, je dois équilibrer entre mes critiques envers le gouvernement et la volonté de ne pas attaquer le Premier ministre, alors je m’arrêterai là.


Retrouver l'article sur le site du parisien.fr :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire